HÉLA FATTOUMI & ÉRIC LAMOUREUX

(1965 - ) & (1962- )

Héla Fattoumi et Éric Lamoureux ont une place à part dans le paysage chorégraphique contemporain. Dès leur première pièce, Husaïs couronné du prix de la 1re œuvre au concours international de Bagnolet en 1990, suivie du trio Après-midi prix Nouveaux Talents Danse de la SACD en 1991, ils sont propulsés parmi les leaders d’une nouvelle génération de créateurs et obtiennent une reconnaissance internationale, scellant une complicité artistique sans faille. En quête d’une « identité – relation » où se confrontent et s’entrelacent leurs particularités, ils enrichissent leur démarche et les œuvres qui en résultent grâce à de nombreuses collaborations transdisciplinaires.
De pièce en pièce, Ils déploient une étendue de recherche en sondant inlassablement, l’intelligence sensible du corps, les contextes d’émergence de la danse, les potentialités physiques, expressives et poétiques de la présence des corps dans l’espace.

Héla Fattoumi et Éric Lamoureux fondent la Compagnie FATTOUMI/LAMOUREUX en 1988.
Durant cette première période plusieurs pièces marquantes voient le jour dans la continuité d’Husaïs : Si loin que l’on aille ; Fiesta (Commande du Festival d’Avignon, 1992) ; Asile Poétique ; Wasla, Ce qui relie… (Biennale de Lyon, 1998) ; Vita Nova (Grande Halle de la Villette, 2000) avec la 11ème promotion du Centre National des Arts du Cirque.

Nommés à la direction du CCN de Caen/Basse-Normandie en 2004, ils poursuivent alors leur démarche à travers des pièces plus portées sur des sujets à forte tonalité sociétale. Ce seront La Madâ’a (Arsenal de Metz, 2004) ; Pièze et La danse de Pièze (Festival Dialogue de corps, Ouagadougou, 2006 et Théâtre de la Bastille) ; Just to dance… (Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, 2010) ; MANTA, solo créé au Festival Montpellier Danse 2009 ; Masculines (Arsenal de Metz, 2013).

Depuis 2015, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux sont à la tête du CCN de Bourgogne Franche-Comté à Belfort, qu’ils ont renommé VIADANSE. Pas moins de 8 pièces ont été créées : deux grandes formes (OSCYL et AKZAK), deux formes in-situ modulables (OSCYL Variation, AKZAK Variation), une pièce jeune public (SWING Museum) ; une pièce en lien avec les musiques actuelles (SYMPATHETIC MAGIC) ; deux formes légères en lien avec les arts plastiques (Superpose, EX-POSE(S)).

À l’occasion des 30 ans de la Cie Fattoumi-Lamoureux en 2020-2021, différents projets rétrospectifs et de transmission permettent de re-découvrir le répertoire de la compagnie et de le faire vivre à travers une nouvelle génération de danseurs : le livre La Part de Femmes (Anne Pellus, Photos Laurent Philippe, Nouvelles éditions Place) ; le documentaire Danser sur les Frontières autour du processus de création d’AKZAK (Elise Darblay, Easy Tiger Production) ; des projets de transmission de répertoire en Égypte et en France autour des « pièces de jeunesse » voient ainsi le jour.

Ils créent le festival Danse d’Ailleurs de 2005 à 2015 véritable focus sur des artistes issus du vaste et divers continent Africain mettant en perspective la notion d’universalisme en questionnant les cadres référents de la modernité en art selon les horizons culturels.

Héla Fattoumi et Éric Lamoureux sont fortement engagés dans différentes instances à la promotion et à la défense de l’art chorégraphique.

Extrait de l'oeuvre cité dans la machine

TITRE : WASLA, ce qui relie...
ANNÉE : 1998
INTERPRÉTATION : Héla Fattoumi
MUSIQUE : Christophe Séchet, Hamza el Din
AUTEUR DE LA PARTITION : Noëlle Simonet, 2022
DURÉE DE LA PIÈCE : 30 minutes

TITRE : AKZAK, l’impatience d’une jeunesse reliée
ANNÉE : 2020
MUSIQUE : Xavier Descendre Navarre
AUTEUR DE LA PARTITION : Noëlle Simonet, 2022
DURÉE DE LA PIÈCE : 70 minutes

Propos

WALSA, ce qui relie... En 1998, pour sa huitième édition consacrée à la Méditerranée, la Biennale de danse de Lyon a commandé une pièce aux chorégraphes Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. Ainsi est née Wasla, Ce qui relie pièce chorégraphique pour huit danseurs, dont le solo de Héla Fattoumi est extrait.
Pour créer son solo la danseuse/chorégraphe s’est mise à l’écoute de ses origines tunisiennes. Invitée à Tunis pour répéter cette pièce, elle a choisi, au cœur de la médina, une salle au sol en bois, aux murs bleus et blancs dans laquelle se trouvait une alcôve. Cette alcôve, aujourd’hui restituée sur scène, fait figure d’écrin.
Du creux incurvé qui accueille le dos de l’interprète, émerge toute une syntaxe du lové, qui enveloppe et découvre tout à la fois un corps chrysalide. Échappant à la statuaire, Héla Fattoumi glisse d’un bord à l’autre de la paroi et lorsqu’elle s’en décolle, la danse semble subrepticement s’extraire d’une empreinte effacée. Éveillée de cette alcôve-abri, elle s’avance dans l’espace du trouble, sensualité qui laisse venir le spasme possession étrangement diaphane qui monte au visage et le transforme, mains serpentines qui insinuent le désir au plus secret du corps. Un état de grâce, doucement porté par une mélodie traditionnelle de Hamza el Din, qui suspend le temps dans le plus délicat des tremblements.

AKZAK, l’impatience d’une jeunesse reliée. Pièce pour 12 danseur.se.s et un percussionniste. AKZAK, est inspiré du terme turc aksak, emprunté à la théorie musicale ottomane. Il désigne les principaux rythmes irréguliers rencontrés dans les Balkans. Ces rythmes combinent le binaire et le ternaire.
Former un groupe « relié qui relie » tel un égrégore entendu comme la synthèse des énergies de chacun qui se lient, se relient, s’amplifient pour une puissance collective. Une énergie collective résultant des énergies individuelles, des états de corps qui, de façon irrépressible, interagissent, s’emportent et se déportent vers l’écoute des infimes, le débordement de soi, convoquant les notions de partage et de fraternité. Faire surgir une force de cohésion qui puise aux singularités, laissant apparaître les écarts comme autant d’espaces, d’entres, où se joue la véritable possibilité du lien.


WALSA, ce qui relie...

AKZAK, l’impatience d’une jeunesse reliée