JEAN-CLAUDE GALLOTTA

(1950 - )

© Laurent Philippe

Gallota Danse

« Sa gestuelle – qu’il symbolise souvent en scène – est constituée d’un vocabulaire précis : bondissement de cabris, brusquerie amoureuse, diagonales répétées sur le plateau. Créateur prolifique, il imagine des ballets fresque, mêle en scène amateurs et professionnels, enfants et seniors. Mais il ne dévie presque jamais de son écriture minutieuse, au sens du détail quasi pictural ». (P. Noisette, Danse contemporaine mode d’emploi, 2010)

Jean-Claude Gallotta, né en 1950, découvre la danse classique et les claquettes à 22 ans après des études d’arts plastiques aux Beaux-Arts de Grenoble. Bien qu’il se déclare « non-danseur », il obtient un prix en 1976 (puis un second en 1980) au Concours chorégraphique international de Bagnolet, révélateur de tous ceux qui feront la « Nouvelle Danse Française ». 

Après un séjour à New York à la fin des années 70 où il rencontre Merce Cunningham et découvre l’univers de la post-modern Dance (Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Trisha Brown...), Jean-Claude Gallotta fonde en 1979 à Grenoble – avec Mathilde Altaraz – le Groupe Émile Dubois qui s’insère en 1981 dans la Maison de la Culture de Grenoble, comme cellule de création chorégraphique et qui deviendra en 1984 l’un des premiers Centres chorégraphiques nationaux.

Sa première grande pièce Ulysse, 1981, un « ballet blanc » devenu emblématique, qui joue avec les codes du classique sans les détruire, lui ouvre les portes de la reconnaissance internationale.

Suivront Daphnis é Chloé, 1982, un trio intime repris autour du monde au fil des années et des générations ; Hommage à Yves P, une nuit de danse en quatre actes qui fera l’événement du Festival d’Avignon 1983 ; Mammame, 1985, autre pièce qui a sa place désormais dans l’histoire de la danse et qui verra notamment Raul Ruiz l’adapter pour le cinéma.

De 1986 à 1989, il prend la tête de la Maison de la Culture, devenant ainsi le premier chorégraphe directeur d’une Scène nationale.
Parallèlement à ses créations, il transmet des pièces aux ballets des opéras de Paris, Lyon, Bordeaux…

Son Groupe Émile Dubois, redevenu compagnie indépendante en 2016 reste hébergé à la MC2 : Grenoble. Jean-Claude Gallotta est également artiste associé du Théâtre du Rond-Point à Paris et de Scènes Vosges à Epinal. 
En 2020, il s’associe au musicien Rodolphe Burger et à la plasticienne Dominique Gonzalez-Foerster pour la création du Jour se rêve.
Il prépare pour la rentrée 2021, à la demande du Volcan, Scène nationale du Havre, une recréation d’Ulysse, 40 ans après sa première représentation.

Extrait de l'oeuvre cité dans la machine

TITRE : ULYSSE
ANNÉE : 1993
AUTEUR DE LA PARTITION : Geneviève Reynaud, 1993
DURÉE DE LA PIÈCE :

Propos

Avec Ulysse, j’ai voulu rendre hommage à la chorégraphie, raconter de manière ludique l’architecture de l’espace.
Je n’ai pas voulu théoriser sur la danse mais plutôt jouer avec certaines situations du ballet moderne et classique en les truffant de détails et de mouvements personnels.

J’ai par exemple utilisé et parfois tordu le cou à la symétrie, à la perspective, aux entrées et aux sorties, aux pas d’ensemble, aux enchaînements entre le groupe et les solistes, aux duos, aux portés dédoublés, aux comptes, aux quatuors, à la multiplicité des centres, aux marches, aux arabesques, etc... Se sont rajoutés de manière naturelle, le côté sensuel et charnel des danseurs et quelques "fêlures" qui annoncent ou rappellent d’autres chorégraphies plus tourmentées.

Une fois la pièce construite il fallait lui donner un titre. Je décidais de l’intituler : "Ulysse", car la complexité de la chorégraphie m’empêchait en tant que danseur de la pénétrer facilement. Comme le héros d’Homère j’y voyais là mon propre exil et l’impossibilité d’atteindre mes propres rivages chorégraphiques.

La musique océane d’Henry Torgue et Serge Houppin, le blanc rêvé de Jean-Yves Langlais m’influencèrent dans ce choix. Avec ce titre, il était intéressant de voir apparaître toutes les correspondances qui pouvaient naître entre Homère, Joyce et la chorégraphie.

Je vous invite à partager ces correspondances, à éveiller le "soursik" qui sommeille en vous, et raviver nos rêves enfouis. Jean-Claude Gallotta